L'Education nationale fait perdre leur temps aux élèves

 

Le médiatique annexe l'école (après avoir annexé le politique) : 

 

 

 

Avant le culte raté de M. Hollande à Charlie (dimanche 10 et lundi 11 janvier), les enseignants du secondaire public ont reçu cette circulaire : 

  

 "Mur de la liberté d’expression"

Les productions médiatiques des élèves

le 11 janvier 2016 à Radio France

 Le CLEMI (Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information) crée un mur de la liberté d’expression à l’occasion de la soirée du 11 janvier 2015, durant laquelle François Hollande, Président de la République, présentera ses voeux à la jeunesse et aux forces de l’engagement.

Pour cette journée spéciale du 11 janvier, le CLEMI crée un « mur numérique » où seront projetées sur grand écran les productions médiatiques des élèves de toutes les académies, réalisées sur le thème de la liberté d’expression.

Dans une « newsroom », installée dans l’Agora de Radio France, un groupe d’une dizaine d’élèves, accompagné de formateurs du CLEMI, modèrera en direct les publications qui auront été postées sur clemi11janvier.tumblr.com/

Ce mur permettra au public de découvrir la diversité, la créativité et l’engagement des élèves dans leurs productions médiatiques ainsi que l’implication pédagogique des enseignants en faveur de la liberté d’expression.

Le CLEMI, service de Canopé, est l’opérateur du Ministère de l’Éducation nationale de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour l’éducation aux médias et à l’information.

Pour participer au "Mur de la liberté d'expression », les enseignants doivent s’inscrire jusqu’au lundi 11 janvier 2016 sur http://clemi.limequery.org/index.php/536983/lang-fr

Renseignements : [e-mail]

  

 

Ce document est une pièce à conviction. Il manifeste noir sur blanc :

1. l'emprise de la machinerie médiatique  sur l'Etat dont fait partie l'Education nationale ;

2. donc l'emprise de la machinerie médiatique sur l'Education nationale (alors que le climat du médiatique - émotionnel, éphémère, grégaire - est l'opposé de toute pédagogie) ;

3. l'acculturation américaine (« newsroom ») à l'école comme dans le reste de la société française* ;

4. la dérive de l'école vers des tâches sans rapport avec l'instruction** : affubler les élèves de vertus bobos (« diversité », « créativité », « engagement ») plutôt que de leur transmettre des connaissances,

5. pousser les élèves à justifier leur existence par une activité de « production » (« leurs productions médiatiques ») au lieu de leur apprendre (par la transmission de connaissances) à se situer dans le temps et l'espace,

6. et obliger les enseignants à justifier leur existence par leur « implication pédagogique » en faveur de quelque chose qui n'a aucun rapport avec la transmission des connaissances...

7. La fin de la circulaire nous confirme tout ça en nous disant que le « CLEMI » est « l'opérateur »  (vocabulaire de salle de marchés) du ministère de l'Education nationale « pour l'éducation aux médias ». « Eduquer » veut dire « conduire hors ». Mais hors de quoi ? Et conduire les enfants vers la machinerie commerciale des médias, est-ce la mission de l'école ?

8. Les enseignants ne sont pas autorisés à soulever les sept points ci-dessus. Ils « doivent » s'inscrire, dit la circulaire ! There is no alternative.  Et ce n'est qu'un début : http://eduscol.education.fr/cid57969/26eme-semaine-de-la-...  2016 verra la colonisation de l'école par les médias. Professeurs et élèves finiront-ils par défiler au pas en scandant Je-suis-Charlie ?

 

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* Cette acculturation se répand partout en France. Le plus absurde est le déferlement du globish dans les paroisses catholiques : « Church parties », « Holy wins », « Light my prayer », « Bless my soul », « Hopeteen »... De même que le centre commercial Parly II annonce des « unexpected travaux » (sic), et que désormais deux pubs françaises sur trois comportent un slogan en américain. Inutile, effarant – et mauvais signe.

** Etonnamment, c'est Xavier Bertrand (interviewé cette semaine par une radio) qui a mis les pieds dans le plat : « L'éducation est l'affaire des parents. L'école ne devrait s'occuper que de l'instruction. »